La revue existe depuis 1922. Pouvez-vous nous parler de ses origines ?

Le 18 mai 1922, lors de sa seizième réunion annuelle, l’Historic Landmarks Association (Société des sites historiques du Canada) changea son nom pour celui de Canadian Historical Association / Société historique du Canada (CHA/SHC).

L’Historic Landmarks Association était elle-même un produit de la Société royale du Canada. De 1907 à 1922, elle s’est réunie chaque année en même temps que la Société royale du Canada. À partir de 1915, elle publie son propre rapport annuel. En 1921, elle a si bien réussi à attirer l’intérêt public sur ses travaux que des organismes du fédéral et des provinces, notamment la Commission des lieux et monuments historiques, se chargent en grande partie de la publication du rapport.

À la même époque, par suite d’un accroissement d’intérêt à l’égard de l’histoire du Canada, on a senti le besoin de créer une société historique canadienne d’une envergure plus vaste et plus séduisante que l’Historic Landmarks Association. Le conseil de celle-ci se voit chargé de préparer une constitution destinée à élargir le cadre des interventions de la société [1]1Report of the Annual Meeting of the Canadian Historical Association
Minutes of the Annual Meeting
1922
. La fondation de la SHC a le 18 mai 1922 donné suite à ses recommandations.

Les rapports annuels de Historic Landmarks Association contenaient des renseignements relatifs aux emplacements historiques et un guide des sociétés d’histoire locale. Les Rapports annuels de la Société historique du Canada, depuis le premier volume paru en 1922 (en réalité, le rapport de la seizième réunion de l’Historic Landmarks Association), renferment des travaux d’une plus grande portée.

 

Au cours d’une histoire aussi longue, on peut supposer que la revue a connu plusieurs bouleversements. Quels ont été les événements les plus marquants de son existence ?

Au cours de ses 45 premières années, la SHC a affronté et surmonté les nombreuses difficultés que posait la cohésion d’un groupe aussi réduit d’historiens disséminés dans un si vaste pays [2]2Brochure historique, Ottawa, Société historique du Canada
Histoire de la Société historique du Canada
2003
.

La SHC, avec un budget dérisoire n’ayant jamais dépassé quelques milliers de dollars par an, publiait un rapport annuel qui était devenu une importante revue savante où paraissaient des articles originaux signés par les plus grands historiens du pays.

En conséquence de ce budget très limité, de 1922 à 1925, c’est la Direction des parcs nationaux du ministère de l’Intérieur, puis, jusqu’en 1932, les Archives nationales qui publieront le rapport annuel. En 1933, en l’absence de la contribution gouvernementale, ce sont les dons du sénateur Carine Wilson et de Mme A.C. Hardy de Brockville qui en ont rendu possible la publication.

En 1938, le conseil d’administration reçoit un rapport intitulé « The Relations of the Canadian Historical Review and the Canadian Historical Association » qui décrit la frustration suscitée chez les responsables de la Canadian Historical Review par l’impossibilité où ils se trouvent de publier les communications présentées à l’assemblée annuelle, et celle que suscite chez les membres de la SHC la réputation qu’a la revue d’être « la revue historique nationale ».  On présente des exposés et on classe les rapports sur l’avenir des Rapports annuels. En 1941, on explore la possibilité d’imprimer dans la Canadian Historial Review les communications présentées à l’assemblée annuelle. La question demeure en plan.

Quatre ans plus tard le conseil doit se pencher de nouveau sur l’avenir du Rapport annuel – il faudra puiser dans le compte de capital pour imprimer le volume de 1946.

En 1966, le titre Rapport annuel fut changé en celui de Communications historiques, ce qui se rapproche plus du contenu actuel de l’œuvre. En 1995, Communications historiques devient Revue de la Société historique du Canada.  

 

Le fait que la revue soit l’organe d’une association participe-t-il à expliquer sa longévité ?

Chaque année, la SHC tient sa réunion annuelle. Les meilleures communications données à l’occasion de cette réunion dans l’une ou l’autre des langues officielles du pays et dont les textes ont été soumis au comité de rédaction sont ainsi publiées, quel que soit le domaine ou la méthode de recherche en histoire. C’est donc dire que la revue ne pourrait exister sans la société et que son succès est assuré par la tenue de la réunion annuelle.

 

On commémore cette année les 150 ans de la Confédération. Quels parallèles peut-on faire faire entre l’histoire du Canada et celle de la revue ?

Le contenu ainsi que la gouvernance de la revue évoluent tout comme la société environnante et sont intimement liés à la culture de la société en général et ce, depuis ses tout débuts. Ainsi, on remarque que les auteurs sont très majoritairement des hommes jusqu’à la fin des années 1960. Les sujets traités dans la revue reflètent également l’évolution de la société. Les textes sur l’histoire politique canadienne diminuent au fil des ans pour faire place à l’histoire sociale, celle des femmes, des minorités, et aux sujets internationaux, etc. La revue publie des textes qui ont une certaine pertinence à un moment précis. La revue publiera de la sorte un numéro spécial sur les 150 ans de la Confédération canadienne à l’occasion du cent cinquantenaire du pays.

 

La revue est bilingue, comme la SHC. Qu’est-ce que cela implique ?

La politique des codirecteurs de la revue a toujours été de publier les meilleurs textes issus des communications présentées lors de la réunion annuelle de la SHC, quelle que soit la langue du texte. Naturellement, la SHC sollicite des textes en français pour tenter d’établir un certain équilibre entre les deux langues ; cet équilibre demeure toutefois difficile à atteindre compte tenu de la prépondérance des soumissions de textes en anglais. Par ailleurs, nous insistions sur le fait qu’un des trois directeurs de la revue soit francophone et le comité éditorial compte toujours plusieurs membres francophones également.

 

Pouvez-vous imaginer à quoi ressemblera la revue lors du « Canada 200 » ?

Il serait téméraire d’essayer de prédire l’avenir de notre revue ou de toute autre revue savante, sauf peut-être d’imaginer qu’elle ne sera plus disponible en format imprimé et que les textes qui y seront publiés seront beaucoup plus interdisciplinaires et disséminés sur des plateformes accessibles à tous.

~~~

La Revue de la Société historique du Canada / Journal of the Canadian Historical Association est publiée par la Société historique du Canada avec l’aide financière du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada.

Elle est une continuation des séries Rapports annuels et Communications historiques de la Société historique du Canada (1922-1965) et Communications historiques (1966-1989).

L’ensemble des archives de ces publications sont disponibles en ligne gratuitement sur la plateforme Érudit.

Report of the Annual Meeting of the Canadian Historical Association / Rapports annuels de la Société historique du Canada, 1922-1964, 44 volumes

Historical Papers / Communications historiques, 1966-1989, 24 volumes.

Journal of the Canadian Historical Association / Revue de la Société historique du Canada, dep. 1990, 26 volumes, 36 numéros.

 

Entre 1973 et 2006, la SHC a également publié une série de courtes études à l’intention du public, des enseignants, des professeurs d’histoire et des  historiens sur quelques questions particulières dans l’histoire du Canada. Ces 64 Brochures historiques sont disponibles gratuitement et dans les deux langues sur le site de Bibliothèque et Archives Canada.