Les femmes ont été des pionnières de l’informatique, elles ont contribué aux premières découvertes dans les années 1800 et ont joué un rôle déterminant dans de nombreuses avancées plus récentes. (Pensez-y : elles ont contribué à envoyer des humains sur la lune, à développer les technologies sans fil et à mettre au point nombre de logiciels que nous utilisons chaque jour !)

Au Canada, les femmes occupent moins de 25 % des postes en lien avec les technologies, or si on en croit la recherche la situation s’aggrave. De plus, alors que les emplois dans les STGM sont parmi ceux qui ont le plus progressé et parmi les mieux payés, le taux de chômage des femmes titulaires d’un diplôme universitaire en STGM était, au Canada, en 2011, plus élevé que celui des diplômées d’autres disciplines [1]1Regards sur la société canadienne, Statistique Canada
Les différences entre les sexes dans les programmes de sciences, technologies, génie, mathématiques et sciences informatiques (STGM) à l’université
déc. 2013
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En tant que femme et en tant que directrice générale d’une organisation nationale qui promeut la littératie numérique, je trouve ces constats particulièrement frustrants. Regardez donc nos compétences de développeuses, notre efficacité dans les postes de direction ou encore notre contribution au PIB ! Les femmes sont une force avec laquelle il faut compter.

Ne pas impliquer les femmes et les filles dans la production des technologies est un énorme problème.

En quoi est-ce un problème ?

Ne pas impliquer les femmes et les filles dans la production des technologies est un énorme problème. Si nous voulons résoudre les plus grands problèmes du monde et prospérer dans un monde numérique, il faut que ceux qui conçoivent les technologies soient représentatifs de ceux qui les utilisent. Nous devons donner à tous les Canadiens – et particulièrement aux femmes, aux jeunes et aux groupes minoritaires – les compétences, la confiance et l’opportunité de comprendre comment fonctionne le monde qui les entoure (les technologies), nous devons les encourager à la création numérique et les inciter à occuper des emplois d’avenir.

De plus, la recherche estime que, si les femmes ne parviennent pas à se rendre plus présentes dans les STGM, le problème de l’inégalité salariale entre les hommes et les femmes que connaît le pays va être très difficile à résoudre

 

Et par quoi est-ce un problème ?

Selon un rapport publié récemment par les analystes de la banque TD, les causes de cette sous-représentation des femmes sont nombreuses et complexes. Les filles et les femmes sont confrontées à plusieurs niveaux de préjugés systémiques tout au long de leur vie et de leur carrière, et ce, dès leur entrée à l’école. L’attitude des jeunes filles et des femmes à l’égard des STGM et l’idée qu’elles se font de leurs aptitudes dans ces disciplines prennent forme dès leur plus jeune âge et peuvent se révéler définitives dans leurs conséquences. Quant à ces jeunes filles qui, malgré tout, intègrent l’industrie une fois adultes, le sexisme et les environnements de travail hostiles finissent souvent par avoir raison de leur présence.

Commodore Educational System, Ltd: Computer English, 1970-1979. Crédit : Bibliothèque et Archives Canada, No MIKAN : 3838966.

Comment combler l’écart ?

À problème complexe, solutions complexes.

Les parents ont un rôle central à jouer pour éveiller très tôt l’intérêt de leurs enfants pour l’informatique – en particulier de leurs petites filles, en les encourageant à jouer avec les technologies et à accepter l’échec.

Les enseignants peuvent donner des cours qui soient plus pertinents et inclusifs pour les filles. Nous avons travaillé avec des dizaines de milliers de filles et savons par expérience qu’auprès d’elles les apprentissages passent mieux quand on leur montre les applications concrètes des STGM et quand elles peuvent mettre les technologies au service d’un objectif plus large. Les filles veulent résoudre des problèmes, elles veulent donner vie à leurs idées et ne demandent qu’à développer les compétences qui leur permettront d’y arriver. Un enseignement qui combinerait le codage et d’autres matières aiderait les jeunes, et surtout les filles, à voir le codage comme un outil créatif qui s’alimente à leurs propres passions et à leurs intérêts.

Les leaders du secteur des technologies et en premier lieu les femmes de l’industrie sont autant de mentors : leur visibilité contribue, semble-t-il, à encourager les filles à étudier en informatique.

Le gouvernement et les entreprises ont un rôle également très important à jouer. Ils doivent investir dans la sensibilisation précoce, dans l’acquisition de compétences et dans l’intégration des femmes dans l’industrie, en favorisant les opportunités de développement et en adoptant des politiques d’entreprise progressistes et inclusives.

En tant que pays, nous devons poursuivre nos efforts vers le progrès et, sur le plan de la réduction des inégalités entre les genres, nous avons tous un rôle à jouer.


Traduit de l’anglais par Delphine Lobet.