Pour réaliser cette étude, un peu plus de 1 100 000 téléchargements effectués entre 2011 et 2015 ont été analysés, dont 475 000 provenaient du Canada et 625 000 de l’international. Ces téléchargements ont été examinés isolément de manière à mieux observer l’effet des abonnements, lesquels sont majoritairement souscrits au Canada. Par « téléchargement », nous entendons la consultation en ligne du texte intégral d’un document, en format PDF ou HTML.

Érudit diffuse ses revues savantes selon deux modes de diffusion : le libre accès différé et le libre accès immédiat.

  • – Le libre accès différé signifie que la consultation des articles est réservée aux abonnés pendant une période de deux ans ; elle est ensuite ouverte à tous. Au moment de l’étude (début 2016), la majorité des revues savantes diffusées sur Érudit l’étaient en libre accès différé.
  • – Le libre accès immédiat signifie que les articles de ces revues sont dès leur mise en ligne accessibles à tous, sans abonnement.

En comparant, l’évolution des téléchargements d’articles publiés au même moment en libre accès différé ou en libre accès immédiat, nous avons pu observer plusieurs phénomènes.

 

Téléchargements au Canada

L’analyse des téléchargements effectués ici au Canada, d’où proviennent la majorité des abonnés, nous a permis de constater que :

Les revues en libre accès immédiat sont 2 fois plus consultées que les autres au cours des trois premières années de leur diffusion.

    • – Un article en libre accès immédiat diffusé en 2011 aura été téléchargé, en moyenne, 40 fois la première année de sa diffusion pour atteindre un nombre moyen de 56 téléchargements annuels en 2015.
    • – Un article en accès restreint diffusé à la même période aura été téléchargé 17 fois en moyenne, pour atteindre un nombre moyen de 51 téléchargements la cinquième année.

 

Au bout de 5 ans, les revues en libre accès différé n’ont toujours pas rattrapé leur retard, alors même que la barrière mobile tombe après 2 ans. 

Le nombre moyen de téléchargements cumulés sur les cinq premières années de la vie de l’article en libre accès immédiat est de 302, tandis que celui de l’article en libre accès différé est de 193.

 

Téléchargements à l’international

Les revues en libre accès immédiat sont 12 fois plus consultées que les autres au cours de la première année de leur diffusion.

  • – Elles le sont 9 fois plus au cours de la deuxième année et 2 fois plus au cours de la troisième année.
  • – Un article en libre accès immédiat diffusé en 2011 aura été téléchargé 48 fois en moyenne la première année de sa diffusion et aura atteint une moyenne de 86 téléchargements la cinquième année.
  • – Un article en accès restreint diffusé à la même période aura été téléchargé en moyenne 4 fois, jusqu’à atteindre un nombre moyen de 99 téléchargements annuels quatre ans plus tard.

 

Les revues en libre accès différé ne rattrapent leur retard que 4 ans après leur mise en ligne, soit bien après la tombée de la barrière mobile.

Le nombre moyen de téléchargements cumulés pendant les cinq premières années de la vie de l’article en libre accès immédiat est de 436, alors que celui de l’article en libre accès différé est de 249.

 

Pour résumer

Les articles en accès restreint sont davantage téléchargés au Canada qu’ailleurs dans le monde, sans doute à cause du nombre important d’abonnés. Ils demeurent toutefois, dans l’ensemble, bien moins consultés que ceux en libre accès immédiat.

  • – À la lumière de l’évolution de la consultation des revues en libre accès immédiat, on peut vraisemblablement penser que la consultation des revues en libre accès différé aurait été plus importante en l’absence de barrière mobile.
  • – Les revues en libre accès immédiat semblent d’autant plus avantagées qu’elles sont souvent plus récentes et que, de ce fait, elles ont eu moins de temps pour accumuler du capital symbolique dans leur domaine.

 

On observe une différence dans la courbe d’usage des articles au Canada et à l’international.

  • – Étant donné le nombre important d’abonnés canadiens, la courbe d’usage des revues en libre accès différé est plus linéaire au Canada qu’à l’international, peut-être parce que celles-ci bénéficient davantage de l’« immediacy factor », c’est-à-dire du phénomène de citation exagérée des publications savantes récentes [1]1in Arthur Jack Meadows (dir.), The Scientific Journal, Londres, Aslib
    Networks of scientific papers
    1979
    .
  • – À l’extérieur du Canada, ce facteur semble se faire sentir à retardement : les revues en libre accès différé connaissent une augmentation considérable de leur consultation après la chute de la barrière mobile.

Notes

Cet article repose sur le mémoire de maîtrise La webométrie en sciences sociales et humaines : analyse des données d’usage de la plateforme Érudit réalisé par Sarah Cameron-Pesant, École de bibliothéconomie et des sciences de l’information, Université de Montréal, 2016 (dépôt du manuscrit en préparation).

Le script qui a permis de traiter les données de l’étude est disponible à l’adresse https://github.com/yorrick/download-data.